Lors de tous mes voyages il y a une constante, c’est que je suis presque toujours au milieu des arbres. Ils m’accompagnent, m’entourent, patientent avec moi en attendant la bonne lumière et parfois deviennent même le sujet principal de mes photos. En groupe ou isolé, jeune ou centenaire, ramassé ou immense, les arbres que je rencontre me surprennent à chaque fois par leur singularité, leur identité et j’aime imaginer tout ce qu’ils ont pu voir passer devant eux (des animaux, des événements climatiques, des guerres…) durant leur existence statique.
Je vais vous présenter les 5 photographies en noir et blanc de ces êtres réalisées au cours de mes différents roadtrips qui m’ont le plus marquées à ce jour.
Les géants des Highlands :
Ecosse, 2022. Je me trouvais dans les Highlands voulant photographier la Black Water, une rivière comme son nom l’indique qui est de couleur noire. Pour accéder au site repéré précédemment sur internet, une forêt immense à traverser se dressait devant moi. Avançant au fur et à mesure sur le sentier, les arbres me paraissaient de plus en plus hauts et moi de plus en plus petit. Je me sentais comme une fourmi qui marchait aux pieds de milliers de géants. Ils étaient rectilignes et semblaient monter jusqu’au ciel. Il m’a suffi de braquer mon boîtier photo vers le ciel pour obtenir ce cliché. Cette photographie est présente dans mon 1 er livret intitulé « Hébrides et Highlands » qui regroupe une vingtaine de prises de vue de mon roadtrip écossais (en vente 15€).
Urbex en Italie du Nord :
Italie du Nord, 2023. Je parcourais la région Emilie Romagne, à la découverte de lieux urbex (i.e. exploration urbaine) nombreux dans ce secteur. Nous étions en mars, en mode vanlife durant tout le mois dans cette partie du pays. Aux abords d’un bel hôtel particulier abandonné, mon œil était attiré par un arbre qui avait pris racine à l’intérieur du bâtiment et qui s’était extrait du lieu par une fenêtre. La nature reprenait ses droits. Il semblait vouloir s’évader de sa prison pour aller chercher la lumière du soleil. C’était un peu comme si la maison était sa coquille d’œuf qui l’avait protégé durant son développement et qu’aujourd’hui il éclosait. J’imaginais bien qu’au fil de son évolution il allait faire exploser les murs et réduire la bâtisse à néant. J’aime tout particulièrement cette photo.
Le chêne multi centenaire de Toscane :
Toscane, 2023. Toujours durant mon roadtrip en Italie mais cette fois-ci en Toscane, je tombais cette fois-ci par hasard nez à nez avec le Chêne delle Checche dans le magnifique Val d’Orcia près de Pienza. Ce jour-là le ciel était chargé donnant un aspect dramatique à la scène. L’arbre de plus de 300 ans mesure presque 20 mètres de haut, avec un périmètre de tronc de 4,90 mètres et une couronne de plus de 34 mètres de diamètre ! C’était encore l’hiver et même sans son feuillage estival, il dégageait une force et une résistance à toute épreuve. Je restais un long moment assis à son pied, me sentant protégé et paisible. Cette composition photo avec la barrière qui l’entoure me plut beaucoup. Dormir à sa proximité dans mon fourgon aménagé m’aurait beaucoup plu, mais j’imaginais que ce grand solitaire ne préfèrerait pas être trop dérangé par ma présence nocturne intrusive. Lui rendant sa liberté, je repris mon voyage en m’imaginant qu’il serait là pour l’éternité.
L’hiver en Aubrac :
France, 2022. C’était la fin de l’année, l’hiver arrivait et le froid s’installait. M’éloigner de la ville me ferait le plus grand bien et je pris la route pour le plateau de l’Aubrac entre Aveyron, Lozère et Cantal. Toujours à bord de mon fourgon aménagé, ce roadtrip m’emmenait à travers les villages de Laguiole, d’Aubrac, de Saint- Urcize et c’est à Nasbinals que je m’installais pour quelques jours. Un matin au réveil, j’eus l’agréable surprise d’assister à la première neige de la saison. Armé de mon appareil photo, je partis à la découverte de ce paysage blanchis. En contrebas de la route, apparu la noirceur d’un arbre en forme de boule au milieu d’un champ recouvert de gel et saupoudré d’une fine pellicule de neige. Ce contraste entre noir et blanc avait quasiment fait disparaître toute couleur de la scène. Le vent était glacial, l’arbre entrait en résistance pour de long mois rudes. Ce voyage sur ce haut plateau m’avait gâté, comblé et ressourcé.
Un air de forêt équatoriale en Aveyron :
France, 2023. Il avait plu toute la journée de la veille après de nombreux jours de canicule. Il était 7h30, je m’apprêtais à quitter ma ville natale de Decazeville, Aveyron, pour repartir vers de nouveaux roadtrips. Le soleil se levait tout juste et avec lui montait une brume qui s’échappait de la terre humide. J’eus la sensation d’avoir fait un voyage en forêt équatoriale. La multitude de chênes, châtaigniers, boulots, peupliers… brillaient sous les premiers rayons rasants du matin. Je pris cette vision féérique pour un cadeau, moi qui arpente depuis l’enfance tous les chemins qui serpentent à travers ces paysages. Après avoir pris quelques photos du moment, je reprenais mon voyage vers de nouvelles destinations, sachant que toutes les routes me ramèneraient inexorablement à mes racines, à Decazeville.